Mendicité interdite à Namur: l'hiver du cœur
01/07/2014 16:00
Le règlement mendicité de la majorité CDH-MR-ECOLO entre en vigueur ce 1er juillet. L’occasion de rappeler les nombreuses objections exprimées par le Groupe PS lors de sa présentation au Conseil communal du 26 juin dernier.
De quoi parle-t-on ?
Le PS accueille avec de grandes réserves le texte de règlement sur la mendicité. Le constat est clair dans les grandes villes. Deux phénomènes de société coexistent : d’une part, la misère vécue par un trop grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants et d’autre part le sentiment d’insécurité ressenti par nombre de nos concitoyens ou les nuisances vécues par exemple par les commerçants namurois. C’est dans ce souci de garantir le « le vivre-ensemble », la sécurité, le bien-être de ses habitants, mais également avec la volonté de venir en aide et de protéger les plus démunis que les villes de Charleroi et de Liège ont précédemment édité leur règlement mendicité, et ce, en s’appuyant sur de nombreux rapports de police « ayant permis d’établir une situation et un fichier de la mendicité dans les différents quartiers de la ville », d’un rapport du CPAS concernant « la collaboration entre la ville et le CPAS en matière de mendicité », de « large concertation préalable avec les opérateurs sociaux le CPAS, le monde associatif, les éducateurs de rue » ou encore en faisant référence dans leur règlement aux lois sur la protection de la jeunesse ou sur la lutte contre la traite des étrangers. Aucun rapport de police ou des services sociaux ne vient ainsi étayer dans le dossier ces sentiments évoqués ! C’est inacceptable !
Là où ces deux communes socialistes parlent d’ « encadrer », d’ « organisation de la mendicité », « de favoriser le bien vivre ensemble », de « nécessité de réglementer la mendicité sans l’interdire », le Collège CDH-MR-ECOLO propose d’interdire purement et simplement la mendicité sur son territoire avec un tout au vocabulaire, comme par exemple la nécessité « de réprimer les atteintes à la tranquillité publique », « de prévenir les accidents », de ne pas « compromettre les commodités de passage », etc. Bref, un texte aux motivations simplistes et sécuritaires dont l’objectif est globalement d’interdire la mendicité et de la sanctionner et accessoirement d’informer les personnes qui se livrent à la mendicité de l’aide à laquelle elles pourraient prétendre.
Où ?
La Ville de Namur précise en outre de manière exhaustive les lieux où la mendicité est interdite soit pratiquement tout le centre de Namur et de Jambes. Une grande différence encore avec Liège et Charleroi qui indiquent les lieux où la mendicité est autorisée, quand Namur précise où elle est interdite ! En agissant de la sorte, la majorité pratique la politique de l’autruche et risque de voir se déplacer la mendicité vers d’autres quartiers, voire d’autres villages, de Namur moins fréquentés et moins « équipés », ce qui ne résout en rien le sentiment d’insécurité, au contraire ! Contrairement à ce que dit le Bourgmestre, il est possible d’organiser, comme à Liège et Charleroi, la mendicité via une répartition par zones.
Comment ?
Le règlement de la majorité précise également qu’il est interdit de mendier « accompagné d’un mineur de moins de 16 ans », « avec agressivité physique ou verbale » en encore « accompagné d’un animal potentiellement dangereux ». Nous ne pouvons qu’être d’accords mais ces précisions sont totalement inutiles puisqu’elles font déjà partie du code pénal et font donc déjà l’objet de répressions.
Qui est concerné ?
Enfin, le Groupe PS conteste la définition même de la mendicité reprise dans le règlement : « Le fait de demander aide et assistance au public sous forme d’aumône sous le prétexte d’offrir un service, tel que la vente d’objet, de journaux ou de périodiques. »
Quel sort ce règlement réservera-t-il aux artistes de rue qui « offre un service » chantant, musical ou artistique au sens large ? Les Villes de Charleroi et de Liège ont ainsi exclu les artistes de rue du règlement sur la mendicité. Liège va même plus loin en fournissant une attestation aux artistes ce qui participe à leur reconnaissance et les valorise dans leur activité. Le Bourgmestre promet de se pencher à la rentrée sur une solution. Dans l’attente, c’est le flou artistique !
Malgré ces nombreux reproches, le Groupe PS du Conseil communal namurois s’est abstenu, et ce, pour 3 raisons :
- Comme expliqué, et même si nous contestons avec vigueur l’angle répressif suivi par la majorité, nous pensons qu’il est nécessaire d’établir un règlement qui organise la mendicité et le bien-vivre ensemble. Et non un règlement qui interdit !
- Le Bourgmestre, suite aux remarques du PS, a fait un pas sur le statut des artistes de rue qu’il s’engage à exclure du présent texte.
- Toujours à la demande du PS, le Bourgmestre a accepté d’organiser une commission de suivi pour évaluer le dispositif voté par la majorité.
Bref, ce règlement est incomplet, imprécis et injuste pour les plus démunis d’entre nous. Le PS espère qu’au terme d’une année d’application, la majorité acceptera de revoir largement son texte afin qu’il ne vise pas uniquement à sanctionner et interdire la mendicité et pour qu’il gagne au contraire en qualité humaniste.
Photo: lavenir.net